Dans la profondeur obscure de la terre,
l’artiste, graine silencieuse, demeure.
Non pour s’éterniser dans ce confort,
mais pour y puiser la mémoire première.
Car toute naissance véritable commence dans l’opacité.
Sous la densité,
le feu secret travaille.
L’élan monte, pour se dépouiller des peurs et de l’apesanteur,
appel vers la lumière,
appel vers l’Essence.
L’artiste, être de passage,
ne cherche pas la lumière pour être contemplé,
mais pour s’en nourrir comme une fleure.
Sans craindre pour sa vulnérabilité.
Elle se reflète que dans ce qui dépasse le moi.
Le chemin de l’artiste
passe par la dépossession.
L’ego, nécessairement brûlé dans la fournaise de l’existance,
laisse place à la clarté nue.
Alors, du silence monte la forme.
Alors, du chaos surgit l’épure.
Alors, l’artiste devient tige,
offrande dressée entre la terre et le ciel.
Dans la lumière, non la gloire, mais la hauteur.
Dans la hauteur, non la fuite, mais la vue.
L’artiste devient pollen.
Ce qui monte se disperse.
Ce qui se disperse féconde.
Ce qui féconde rejoint le cycle éternel.
Aucune œuvre ne possède l’artiste.
Aucune signature ne lui appartient.
Car l’œuvre, si elle est pure,
se libère de celui qui la porte.
L’artiste, messager invisible,
nourrit le monde sans bruit.
Trace la beauté là où le monde s’oublie.
Multiplie l’éveil à travers ce qui touche,
sans bruit, sans fin, sans retour.
Là réside la vraie œuvre :
dans la semence donnée,
dans la lumière partagée,
dans l’éternité silencieuse du don.
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